Les raisons expliquant l'ajout des deux voix du NPD dans les votes politiques
importants au parlement d'état de la Saxe se trouvent dans la CDU (union
démocratique chrétienne). Depuis la réunification
allemande, la CDU de la Saxe fut fortement influencée par la figure de feu
Kurt Biedenkopf. De 1990 à 2002, feu Biedenkopf fut le premier ministre Président
de l'état, et son gouvernement a toujours été une
forteresse protegeant les politiciens d'extrême-droite. Le
ministère de la justice fut longtemps dirigé par Steffen
Heitmann, faisant souvent les premières pages en 1993 à cause de
ses propos xénophobes. Malgré
sa sombre notoriété, le chancelier conservateur du moment,
Helmut Kohl, (CDU), a étonnamment proposé cet avocat allemand
d'église comme candidat pour le poste de président
fédéral.
Après une visite à Stuttgart et dans quelques autres villes
ouest-allemandes, Heitmann avait expliqué que, basé sur le
pourcentage élevé des ouvriers immigrés, il "a
été franchement frappé par cette menace étrangère
en Allemagne," et il en était venu à la conclusion que les
"Allemands doivent être protégés
face à tant d' étrangers!" Ces propos l'ont forcé
à retirer sa candidature pour la plus haute fonction publique d'Allemagne
mais malgré cela, il put rester ministre de la justice en Saxe pendant
encore sept années supplémentaires! Son successeur, Manfred
Kolbe, est issu de la branche d'extrême droite de la CSU de Bavière.
Il vient d'une famille de la Saxe, qui est passée à l'ouest en
1959.
À cet égard, un coup d'œil sur feu Kurt Biedenkopf et sur sa
carrière politique est également édifiant. Fils d'un leader
du parti national socialiste, industriel et militaire - son père, Wilhem, était un
directeur technique des usines Buna à Schkopau pendant le Troisième
Reich. L'usine appartenait alors au Groupe d'I.G. Farben. En 1967, feu Biedenkopf junior,
qui etait né en 1930, obtient un doctorat et un
maîtrise en droit. Il poursuit son effort et devint le plus jeune recteur
d'université de la République fédérale à
l'université Bochum dans la Ruhr. Cinq
ans plus tard, il est le sécrétaire général de la
CDU.
Un de ses plus éminents sponsors politiques fut le Dr. Fritz Ries.
Ries, est un industriel qui fit du parti Nazi dès 1934. Il a
engrangé une fortune gigantesque grâce à son rôle de
"fournisseur des forces armées"; il est l'exemple type de
cette couche de la société allemande qui a profité de la
guerre. Pendant la même période, il s'est aussi spécialisé
à exproprier des entreprises juives, en suivant la ligne de la politique
Nazie, et puis à employer comme travailleurs forcés les juifs afin
de maximiser les profits.
L'auteur Bernt Engelmann écrit à son sujet: "en agissant
de cette façon, par exemple, en expropriant la seule usine de caoutchouc
de Silésie du Nord située à Trzebinia (Galicie occidentale), il a pu utiliser,
selon un rapport de prison du 30 juin 1942, un total de 2.653 travailleurs forcés
juifs, dont 2.160 femmes et jeunes
filles. C'est principalement par l'utilisation de ces travailleurs
forcés, exploités avec une cruauté impitoyable, que la
production des usines de Trzebinia fut multipliée par 12." (Bernt
Engelmann, Schwarzbuch : Strauss, Kohl Et Cie., Cologne, 1976).
En Pologne, à Lodz, Ries mit la main sur une immense entreprise "aryanisée"
avec 15 laminoirs. Peu de temps avant la fin de la guerre, il organise sa fuite
devant l'avancée de l'armée rouge et il parvient à se
réfugier à l'ouest avec presque toute sa fortune. Ce n'est pas
tout: après la reddition de l'Allemagne nazie, il a le culot de se fair
passer pour un "réfugié". Sous le gouvernement d'Adenauer, il introduit
une demande de dédomagement pour la perte de ses usines- devenues alors la
possession de l'Armée Rouge -et il obtient gain de cause. Avec l'argent
ainsi accumulé, il fait construire les usines de Pegulan dans la
région de Pfalz.
Aux côtés de feu Kurt Biedenkopf, parmi les politiciens soutenus systématiquement
par Ries dans les décennies d'après-guerre figurent le futur
chancelier Helmut Kohl (CDU) et le ministre Président de la
Bavière Franz-Josef Strauss,
aussi Président de la CSU. En 1979, feu Biedenkopf épouse Ingrid, la
fille de Ries. Ensemble, ils ont dirigé le gouvernement de la Saxe
après la réunification allemande, comme si c'était un
"business familial" ainsi que l'écrit Der Spiegel en 2001.
Il n'y a donc pas de surpise ni rien de nouveau dans les liens qui existent
entre la CDU et les cercles fascistes d'extrême droite. Dès lors,
les derniers appels pour "l'union de toutes les forces démocratiques"
ne sont qu'un leurre pour perpétuer le jeu de l'extrême droite.